Inspirations végétales

Je suis une promeneuse de l’impermanence.
J’aime passer et repasser sur les mêmes chemins, regarder inlassablement les infimes modifications qu’un jour de plus pose sur la couleur d’un pétale d’hortensia, le port d’une fougère ou le mûrissement d’une pomme.

Je suis fascinée et reconnaissante de la beauté du monde végétal : son architecture, sa géométrie, ses couleurs, ses textures, sa grâce dans le mouvement du vent, son déploiement dans le soleil ou son repli quand vient la nuit ou la morsure du froid.

Tout m’inspire pour en faire des bouquets : fleurs, légumes, fruits, feuillages et adventices, les si mal nommées mauvaises herbes.

Je suis une glaneuse de grand chemin. Toujours un sécateur dans la poche, pour cueillir ce que je ne trouve pas dans mon jardin et en faire mes éphémérides : des bouquets un peu bohême, un peu brindezingues lorsque je fais fleurs de tout bois ! Pour les contempler dans leur épanouissement jusqu’au moment ultime où il faut se résoudre à les remercier pour passer à un nouvel émerveillement. C’est la plus jolie façon de voir le temps qui passe. Dans une succession de floraisons…

 

 

BOUQUET HORS SAISON

Fin des vacances.

Les volets se sont refermés, la plage abandonnée des cris joyeux de l’enfance.

Comme le dit la chanson, on doit être hors saison.

Mais laquelle ?

Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.

Depuis qu’un soleil de plomb, sans contre-point d’intempéries, s’ingénie à resplendir, faisantle bonheur des vacanciers.

Mais au jardin, le figuier s’est dégarni d’un coup de ses feuilles et fruits, pour entrer en dormance.

Les lianes du fruit de la passion, exubérantes, s’imaginent dans un invincible été.

Les dahlias comme les courgettes sont à la peine, presque naines, lanternant dans un printemps regretté.

Les courges, déjà rentrées, ne feront pas leur salon d’automne

Et le persil tubéreux, n’est pas peu fier, d’avoir pris de court l’hiver, pour s’annoncer.

Un chamboule-tout de sensations.

Où les alternances saisonnières n’ont plus rien d’immuables.

Une évidence palpable.

Il nous faut désormais apprendre à vivre hors saison.