CRÉMEUX D’OIGNONS
Un oignon se lamentait de sa réputation.
Nourriture de gens de peu, ne serais-je bon qu’à remplir les estomacs ?
Jeté sans façon dans un bouillon où surnage un quignon de pain sec oublieux de la gloire d’une râpée de fromage ?
Chacun se trompe ici-bas.
On voit courir après la lumière
Tant de légumes qui ne savent pas
Que c’est dans leur passé populaire
Qu’on trouve le lustre de nouvelles créations.
Faisons cas de son désarroi.
Le tirer de son affliction : une once de crème, un parfum d’anis en graines.
Ajouter une petite bricole comme une poignée de ravioles de Romans dont le fondant tend à l’état de grâce.
Voilà sa mésestime qui s’efface.
Il faut peu de chose pour flatter la simplicité.
Ainsi fut prouvé qu’un oignon bougon peut devenir fleuron aimable à table…
La recette
Une soupe à l’oignon aux accents du Sud encanaillé de ravioles, poutargue, oignons frits, anis et pastis.
Oh, on dirait le Sud…
Pour 4 personnes
Préparation : 20 minutes
Cuisson : 20 minutes
Les ingrédients :
5 oignons roses émincés
1 pomme de terre en cubes
1 petite courgette en cubes
2 plaques de ravioles de Roman
1 c. à c. de graines d’anis
1 c. à s. de pastis
3 c. à s. d’huile d’olive
1 c. à s. de crème fraîche
Sel, poivre
Première étape :
Faites suer quelques minutes à l’huile d’olive les légumes et les graines d’anis. Déglacez avec le pastis. Versez de l’eau à hauteur. Salez. Comptez une bonne vingtaine de minutes de cuisson à feu moyen avant de mixer avec la crème fraîche. Réservez au chaud.
Deuxième étape :
Faites cuire les ravioles 1 minute dans une casserole d’eau bouillante salée.
Versez le crémeux dans les bols. Ajoutez les ravioles.
Le bonus : des oignons frits, les herbes fraîches du moment, un bon tour de poivre du moulin et pour les afficionados de l’anis quelques graines supplémentaires.
Focus :
L’oignon est une star internationale tenant le premier rôle dans moult recettes iconiques : pissaladière, soupe et autres tartes. Deux d’entre eux ont même obtenu la distinction d’une AOP pour celui de Roscoff et d’une AOC pour celui des Cévennes. Mais aurait-il pour autant la grosse tête ? Et non, il se plie sans façons aux quatre volontés du cuisinier, en simple exhausteur de goût, qui, il faut l’avouer ne sait pas cuisiner sans lui. Rouge, jaune, rose ou blanc, autant de personnalités pour nuancer dans tous les plats son piquant croquant ou sa tendre sucrosité.
Ficelles de cuisine :
Préparer un oignon, c’est avoir le goût du risque et la larme à l’œil. En le coupant, vous libérez des molécules volatiles aux composés soufrés, caractéristiques de sa saveur mais aussi de ses défauts lacrymaux.
Sur le sujet, on a tout vu et entendu pour s’en prémunir, du bout de pain à la pointe du couteau à l’épluchage sous l’eau, en passant par l’allumette entre les dents. Le moins farfelu ? Avoir une lame parfaitement aiguisée pour minimiser l’écrasement des cellules végétales. Autre option, déléguer la tâche à celui qui porte des lunettes !
Powerfood :
Légume, condiment, aromate et alicament, il fait office de couteau suisse en cuisine. Un concentré de sels minéraux, de vitamines, d’antioxydants protecteurs de notre longévité ! Tant de vertus annoncées dans un si petit bulbe qu’on n’est pas à l’abri de gagner l’immortalité à en manger tous les jours !
Un bémol ? Répertorié en foodmap, son petit goût sucré que vous adorez est apporté par ses glucides fermentescibles. Pas de chance pour certains intestins sensibles…
Trousse de secours :
Frottez une rondelle fraîchement coupée sur une piqure d’insecte. Vous allez vérifier instantanément ses propriétés anti-inflammatoires.
Le switch :
Si vous n’aimez pas la saveur anisée, parfumez le crémeux d’oignons avec du paprika fumé ou du fenugrec.